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BENJAMIM ZAMBRAIA AND THE SELFPANOPTIC

Felipe Cataldo / Brésil / 1h11

 

Synopsis

"Benjamim Zambraia est un jeune ivrogne qui arpente la ville, tantôt chouchouté tantôt gratifié d’une raclée par ses parents. Comme dans le livre de Chico, un gros rocher l’obsède."

 



 

Notre opinion sur ce film a pas mal évolué. Certains d’entre nous l’ont adoré dès le début, d’autres ont un peu crié à l’arnaque. Un second visionnage nous a tous mis d’accord. Nous rendons compte ci-dessous de notre expérience ; la deuxième partie de cet article n’est peut-être pas à lire si vous comptez vous lancer dans ce Selfpanoptic et ne voulez pas être biaisé par nos bribes d’interprétation pour en tirer vos propres conclusions.

 

Premier visionnage

Cataldo impose son style, ce qu’on ne peut que saluer. Il y a ici une volonté hypnotique, comme pour nous plonger dans un rêve ou un cauchemar. Le long-métrage alterne séquences d’onirisme et scènes plus traditionnelles sur le papier mais à l’exécution souvent loufoque. Soyons honnêtes : le film n’est pas facile d’accès, surtout dans son début plutôt long et hermétique. Jusqu’à l’émergence d’une narration plus palpable, quelques procédés ou leitmotivs maintiennent tout de même l’attention du spectateur. Citons-en deux, poétiques : l’un textuel (« Les images rebondissant dans le renflement de son squelette » en voix-off), l’autre visuel (une caméra miniature suspendue à un fil s’invite sur certains plans, tellement irréelle qu’on se demande parfois s’il s’agit d’une incrustation ou d’une installation physiquement présente — c’est drôle et adéquat).

Nous avons d’emblée apprécié la technique des dialogues : une scène est filmée, puis rebruitée et les voix grossièrement redoublées sans synchro… voire remplacées par d’autres sons éloquents ! Dans le sens comme dans l’esthétique fantasmagorique, cela fonctionne. De belles recherches aussi sur les correspondances grain d’image / textures réelles, eau/pellicule, jeu abstrait/concret…

Même si le spectateur n’est pas censé le savoir, la présence centrale du réalisateur à l’écran (rôle du personnage éponyme) peut déranger : un ego-trip au cœur de tout ça ? Car quelques divagations concernent bien le cinéma. La voix-off paraît parfois gratuite, lorsqu’aucune signification évidente ne vient à l’esprit. Et la réutilisation cyclique de certaines images appuient cette sensation.

L’interminable générique de fin pourra en laisser sans voix : si des passages faisaient sens et l’objet global avait une gueule sympa, à quoi rimait le discours au final ?

 



 

Second visionnage

Etrangement, lorsqu’on s’est familiarisé une première fois avec l’œuvre, un fil rouge apparaît entre les scènes consécutives et se tisse entre d’autres éloignées — et l’on acquiert la certitude que tout cela n’a pas été posé au hasard. Une réflexion s’est construite. Le texte se révèle loin d’être facultatif, car certaines réponses se cachent au détour d’une seule phrase, qu’un état de contemplation ou d’incrédulité peut nous faire rater au premier abord. Notons que le script s’appuie sur le livre « Court-circuit / Benjamim » de Chico Buarque, ce qui doit faire louper pas mal de références à qui ne l’aura pas lu. Nous serions d’ailleurs très curieux de savoir quelles phrases du film citent le bouquin et lesquelles sont des poèmes écrits par le réalisateur.

Pour apprécier pleinement « Benjamim Zambraia and the Selfpanoptic », il faut en fait garder à l’esprit sa genèse : Felipe Cataldo a construit son film de 2013 à 2020 en récoltant divers négatifs de rushes et de vieilles cassettes audio. Il a eu le temps de choisir quoi tourner. La démarche se précise, et l’incarnation du protagoniste par le réalisateur devient logique. L’apparition tardive du Vieil Homme aussi, alors que nous pensions que cette figure allégorique arrivait après la bataille. Le « rewind » au milieu du film, et donc les jeux de miroir attenants, trouvent leur sens, quand on les prenait pour de simples procédés ludiques. Par contre, nous n’avons toujours pas compris… bon sang pourquoi le(s) chat(s) sont-ils tant en pétard contre ce pauvre adaptateur multiprise ?!

Ce dernier détail mis à part, nous sommes parvenus à une lecture qui, si elle n’est pas « la » bonne, explique tout et nous fait pleinement adhérer à l’œuvre. Alors que les gens cherchent l’oubli ou la découverte de soi et des autres, voire à assouvir une insatiable curiosité du monde, dans les substances, la religion ou des spiritualités (d’où ces évocations en parallèle), le réalisateur semble avec ce film s’interroger sur la possibilité de quête métaphysique par le cinéma.

 

 


Conclusion

Difficile de s’arrêter là tant nous aurions envie de décortiquer chaque référence, donner une hypothèse par élément… Et en même temps, ne pas savoir, c’est bien aussi ! Si vous cherchez un film qui ne ressemble à rien de ce que vous avez déjà pu connaître, et y plonger pour dénicher quelque rêverie, expérimentation de procédé ou symbole aux possibles significations, Benjamim Z. est votre homme.


O.N-P.

 

« Benjamim Zambraia e o Autopanóptico » est en sélection officielle de la première édition du Little Croco Festival, nommé dans la catégorie Expérimental.

 

Bande-annonce :


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