Dmitri Frolov / Russie / 20 minutes
Synopsis
"À la fin de l’été 1917, le monde entier se trouve au croisement de deux ères. Un film sur la paix, l’amour et la guerre. En mémoire du 100ème anniversaire de la fin de la guerre civile en Russie."
La construction de ce court-métrage est intéressante. Dans son écriture et son montage, Dmitri Frolov enchaîne différentes atmosphères. Nonobstant un premier plan éloquent (une mise en situation élégante avec un pianiste qui commence à jouer sous un écran de cinéma), l’intro de « Dream of the past » est comique, empruntant même les codes du slapstick (course-poursuite, personnages qui s’évanouissent, surjeu…). Rapidement, le film dérive sur des mises en scènes bucoliques et des portraits joyeux, puis apaisés, puis songeurs… Jusqu’à une dernière partie beaucoup plus sérieuse et sombre (irruption de la guerre).
Certains d’entre nous au premier visionnage avaient déploré que l’histoire (au sens : le récit fictif) ne fût pas davantage affirmée ; en réalité, là n’est pas le but du film. Le tout est malin et nous plonge dans un état de contemplation où les simples situations et saynètes sont en effet bien plus indiquées qu’une narration à proprement parler. Le concept de ce docufiction s’avère très bon, et l’exécution excellente : les archives (prises jusqu’en 1922) se mêlent parfaitement aux images du réalisateur. L’illusion de la reconstitution historique fonctionne. Le son, par sa qualité « à l’ancienne », est aussi très immersif. On aurait d’ailleurs bien vu ce film dans notre catégorie Musical.
Deux curieux anachronismes techniques : certains plans en format 16/9, et le bruitage des bruits de pas d’un personnage solitaire lors d’une des séquences les plus marquantes. Ce qui en aucun cas ne constitue un frein : « Dreams of the past » embarque le spectateur et lui instille lentement ses émotions sans qu’on l’ait vu venir.
Conclusion
Cette expérience nostalgique à la fois sensorielle et intellectuelle vous touchera de plus en plus au fil des minutes, jusqu’à un final froid qui laisse l’impression d’avoir vécu un saisissant voyage temporel.
G.W.
« Dreams of the past » est en sélection officielle de la première édition du Little Croco Festival, nommé dans la catégorie Expérimental.
Bande-annonce :
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