Alvaro Riquelme S. / Chili / 14 minutes
Synopsis
"Adaptation de la pièce de Maria Belen Espinosa Peña, artiste de Butô et descendante de Jorge Peña Hen, directeur d'orchestre assassiné par la Caravane de la Mort durant la dictature chilienne."
Ce court-métrage assez étrange et difficile à présenter traite de la disparition du musicien chilien éponyme en 1973. La bande-son mélange musique, lecture de lettres, et expérimentations — par exemple dans une des scènes les plus marquantes, la liste des noms des écroués déformée au ralenti superposée à une orchestration industrielle saccadée, rendant petit à petit comme un presque-rap perturbant.
Pour accompagner cet univers sonore, la petite-fille de l’artiste (qui a également écrit et produit le film) se grime en une espèce de personnification, si pas de Hen exactement, au moins de son histoire. Danse figée, marche, jeu, silhouette : l’utilisation de cette incarnation sera variée.
La photographie est très délavée, épousant le propos, parfois à la limite du noir & blanc. Les belles images pousseront l’illustration jusqu’au balayage de certains lieux parlants (retour en prison) ou à de la mise en situation littérale. On apprécie particulièrement ce moment palpable où, reconstituant les faits, des doigts retracent concrètement la dernière œuvre de Hen avec des allumettes, telle qu’il l’avait écrite en cellule.
Enfin, le montage de Riquelme est très créatif. Ça varie : tantôt images contemplatives en transparence, tantôt accélérations voire flashs. Cette narration risquée happe de la première à la dernière minute et s’achève au bon moment.
Conclusion
À mi-chemin entre le drame, la performance théâtrale et le documentaire, Alvaro Riquelme S. multiplie les bons points et livre un objet singulier sur un sujet tragique et fascinant : la disparition imminente d’un grand musicien.
C.A.
« Jorge Peña Hen - The last hours of the Maestro » est en sélection officielle de la première édition du Little Croco Festival, nommé dans la catégorie Musical.
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