Corentin Van Leuven / Belgique / 10 minutes
Synopsis
Fred est facteur. Dans la petite bourgade où il vient d’emménager, les gens sont très gentils, voire envahissants. Mais M. Barry, qui l’invite à prendre un café, semble bien dérangé.
« Le Chasseur » nous a divisés. On l’a présélectionné, puis mis de côté à cause de certaines faiblesses indéniables. Pourtant, régulièrement, quelqu’un y revenait : « C’était quand même intéressant, le court-métrage Belge ». Alors on l’a reconsidéré dans tous les sens… Pourquoi avions-nous l’impression qu’il pourrait avoir sa place dans notre festival ?
1) De la bonne volonté technique
L’ouverture s’avère plutôt réussie, et symptomatique de tout ce qui fonctionnera ou pas sur l’ensemble du métrage. Le thème au piano colle très bien, la mise en scène est fluide, le montage plaisant. On commencera en revanche à sentir quelques imperfections du côté de l’image (luminosité inconstante) et du son (mixage des voix pas toujours agréable) ; ces problèmes s’accentueront parfois sur la suite, autant sur les variations de la lumière du jour non maîtrisées que sur certaines répliques quasi inaudibles (prise de son parasitée par des graviers par exemple).
2) Classicisme & Personnalité
On le voit au synopsis : « Le Chasseur » part sur du basique. Coincer un personnage innocent (et donc le spectateur) dans une situation gênante et faire grandir la menace : un ressort typique du thriller. Ici, le suspense est efficace. L’écriture classique — un peu trop, sur certains dialogues scolaires qu’on aurait préféré plus fins — atteint son but. La tension monte doucement, jusqu’à l’apogée, solidifiée par une bonne musique et certaines recherches de cadre inattendues.
À noter qu’à la retombée finale (que nous ne dévoilerons pas), le scénario se permet une ambiguïté très bienvenue. Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce qui l’a été ? Qu’est-ce qui est fantasmé ? Si certains spectateurs resteront frustrés de n’être pas sûrs de l’histoire qu’on vient de leur raconter, nous apprécions que le film laisse libre cours aux hypothèses : sa singularité s’en voit renforcée.
Bémol : certaines coupes un peu rapides dans la dernière partie ; quant à la toute fin, si la dernière réplique fait une bonne conclusion, le générique semble interrompre les personnages.
3) Un film attachant…
…Et c’est sans doute l’aspect majeur qui nous a décidé à l’inclure à notre sélection. La juxtaposition de cet univers ambivalent, des expérimentations pour le rendre plus sombre, et de sa sincérité dans ses clins d’œil au cinéma de genre, rend le résultat étrangement savoureux.
Cette fraîcheur réjouissante, on la retrouve jusque dans l’interprétation : même si à l’instar des dialogues le jeu d’acteur global reste inégal, Cédric Vaes se démarque par son regard naïf et son personnage touchant, avec une fragilité obscure qui apporte beaucoup au film.
Conclusion
Avec des précautions supplémentaires pour contourner quelques pièges techniques, et plus de temps pour affiner le jeu, nous aurions été unanimes. Cependant, le réalisateur sait sans conteste installer une ambiance solide ; la passion de Corentin Van Leuven est palpable à chaque seconde de l’histoire, et le plaisir est reçu.
U.N.
« Le Chasseur » est en sélection officielle de la première édition du Little Croco Festival, nommé dans la catégorie Thriller.
Bande-annonce :
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