Dustin Tamplen / Etats-Unis / 1h07
Synopsis
D’étranges lumières tourmentent les habitants d’un comté du Texas, et des enfants disparaissent régulièrement. L’émission « TEXtraterrestrial » se penche sur le sujet. La police saisira cet épisode pour le classer secret.
« Lights over Montgomery County » est un étonnant petit long-métrage construit en deux parties, chacune réussie avec quelques défauts mineurs.
1ère Moitié : Documentaire parodique
L’émission fictive plante le décor : on découvre l’histoire des faits, des archives, et beaucoup de témoignages en interviews récoltées par la chaîne. L’exercice est exécuté avec une grande facétie. Tous les codes du genre sont repris et exagérés, l’image et le son comme rescapés d’une VHS torturée. Le résultat est bizarre mais drôle : une émission TV tout droit sortie du début des années 90, mais qui montre des QR Codes et des smartphones… Cette esthétique, tout comme certains cartons-textes ou photos grotesques, confèrent à l’ensemble un humour sous-jacent qui parvient à nous faire oublier que certaines interventions traînent trop en longueur.
NB : Le film existe en deux versions, à savoir deux intros différentes (une « illicite » où un témoin explique par quel biais obscur il a récupéré l’émission qui va suivre ; une autre « preuve classée » estampillée par les autorités, avec un avertissement et le lancement initial par deux présentateurs sur la Chaîne HDH 48).
2ème Moitié : Images retrouvées
[Important : vous aurez dû retenir, dans la première moitié, que les victimes en contact avec les phénomènes perdent la mémoire par la suite ; sinon cette seconde partie peinera à faire sens.]
Sont maintenant recensées les mésaventures de la famille Thomas. On plonge au cœur de l’action, par des truchements improbables mais originaux et malins pour éviter que les personnages tiennent gratuitement une caméra dans les mains — par exemple, on a les images captées par un enfant-robot servant aux tâches ménagères (?!)… Bon, dit comme ça, ça semble aberrant ; mais la chose est adroitement introduite dès la première partie et continue de développer l’univers loufoque et étrange du film.
Deux petits faux pas. D’une part en écriture : quelques rapides minutes par-ci par-là pour approfondir les personnages n’auraient pas été du luxe, afin qu’on puisse s’attacher à eux — peut-être la timidité de ne pas trop oser filmer longuement les visages d’acteurs non-professionnels (si c’est bien le cas). D’autre part en technique : dommage que le son ne soit pas plus impressionnant sur les moments forts (disons que cela manque un peu de cinéma, là où booster quelques basses ou bruitages plutôt que les voix aurait été bon pour la tension ; cependant a été fait le choix honorable de s’en tenir à la « crédibilité » du rendu, à ce que cela donnerait effectivement avec de tels supports d’enregistrement).
Les séquences horrifiques n’en restent pas moins effrayantes — certaines sur un rythme traînant très appréciable, d’autres mouvementées et surprenantes pour faire halluciner le spectateur.
Conclusion
Un jonglage délirant entre parodie décomplexée et horreur en caméra embarquée, doté d’une fin puissante. Dustin Tamplen et son équipe s’amusent en créant, et ça se sent. Vaut le coup d’œil !
G.W.
« Lights over Montgomery County » est en sélection officielle de la première édition du Little Croco Festival, nommé dans la catégorie Horreur.
Bande-annonce :
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