Artur Klassen / Allemagne / 22 minutes
Synopsis
Un étrange concierge accueille et remet à qui le souhaite une clef personnalisée. Au bout, l'ouverture de la porte magique aboutit sur un voyage. Quand on est confronté à ses désirs et à ses peurs, les limites de la réalité se brouillent de plus en plus.
Le film commence avec une femme qui randonne dans les bois. Après avoir croisé un vieux téléviseur dans lequel brûle un feu, elle sort brutalement de la forêt et rejoint la rue où se trouve la cabine du concierge, qu’on paye avec ce que l’on a, pour accéder à la Porte. D’autres habitants de la ville viendront tenter l’expérience. Chacun la vivra à sa façon…
Dès la première minute, « The Door » est spécial. Le réalisateur nous plonge dans un monde peu commun, et dégaine pour cela plusieurs atouts : mélange créatif de prises de vue réelles et d’animation numérique, décors forts et astucieusement accessoirisés qui racontent toujours quelque chose, usage homéopathique des dialogues. En un instant, chaque personnage est identifiable. Le montage réussit la prouesse d’à la fois alterner les situations, prendre son temps, et s’amuser avec quelques effets de narration.
Pour couronner le tout, le scénario réserve son lot de surprises… Des détails rafraîchissants (poussière qui connecte deux scènes, petite fille qui découpe un parapluie) et des symboles (problèmes de tuyauterie, journaux) ponctuent l’histoire, tandis que certaines séquences se font carrément impressionnantes (l’araignée, la TV, le monstre). L’envie de montrer ces chouettes images sur cet article est grande, mais nous y résistons pour laisser la surprise au spectateur.
C’est aussi très plaisant d’un point de vue technique : le traitement singulier du son (notamment sur les bruitages) contribue à donner corps à l’univers, et hormis quelques pertes de point nous n’aurons pas grand-chose à reprocher non plus à l’image.
Détail amusant : le générique de fin donne textuellement des indices concernant les thèmes du film. Même le spectateur le moins aguerri pourra repartir avec les bonnes clefs !
Conclusion
Le court-métrage d’Artur Klassen fait son effet — c’est intelligent, poétique, humaniste, et exploite de passionnantes trouvailles artistiques. Un incontournable de notre sélection.
G.W.
« The Door » est en sélection officielle de la première édition du Little Croco Festival, nommé dans la catégorie Expérimental.
Bande-annonce :
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