Jay Jay Jegathesan / Australie / 9 minutes
Synopsis
Lors d’une nuit ordinaire dans un parc, Mark Theo Carter s’est retrouvé confronté à la limite qui sépare héroïsme et plongeon dans l’abîme. Il est maintenant derrière les barreaux. Tueur… ou saint ?
La force de « The Saint » est de nous procurer un sentiment de malaise instantané et durable avec presque rien. Décor unique, un acteur, et tout roule. Si la sensation « filmé par un téléphone » que procure le mouvement du plan d’introduction gêne un peu, la suite se montrera beaucoup plus sobre et nous fera oublier cet aspect. L’ambiance est froide et lourde, soulignée par un ingénieux traitement de l’image : un beau noir et blanc où seule la couleur rouge ressort.
Le réalisateur livre une performance remarquable (il joue lui-même le personnage) : le long monologue qui structure le film nous est livré en un plan-séquence de neuf minutes durant lequel on décroche pas une seconde. Habité, Jay Jay Jegathesan nous tient en haleine avec brio, au service d’un texte acerbe, alternant entre cynisme, horreur et questions plus philosophiques. Peut-être de rares répliques semblent-elles surjouées (ou est-ce dû à leur écriture pieds-dans-le-plat ? nous n’avons pas réussi à trancher), mais l’ensemble reste fort et admirable.
À noter que la mise en scène se permet de souligner certains éléments du récit par quelques effets visuels (l’intervention de dessins éphémères — rouges bien sûr). Il aurait été facile d’en abuser, mais ils sont ici utilisés avec parcimonie. Un très bon point supplémentaire.
Le vrai petit point noir du film réside dans la prise de son, notamment sur la première partie où le traitement de la voix donne parfois une sensation de « son étouffé » ou de fichier de basse qualité. Cela disparaît au fur et à mesure. L’ambiance sonore enjolive le tout, et la musique de fin conclut habilement le film.
Conclusion
Un court-métrage malin qui parvient à tirer le maximum de son postulat de départ et de ses moyens. Nous ne serions pas fâchés de découvrir d’autres films de ce réalisateur à l’avenir !
S.I.
« The Saint » est en sélection officielle de la première édition du Little Croco Festival, nommé dans la catégorie Horreur.
Bande-annonce :
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