FACTEUR HUMAIN

Damien Morel / France / 21 minutes

Synopsis

Harold est un guitariste trentenaire en pleine panne d’inspiration. Un matin, il découvre dix mille euros en liquide dans sa boîte aux lettres. Le concierge, un hypochondriaque surexcité et attachant, se joint à lui pour découvrir le secret caché au cœur de leur immeuble.

Comme nous n’avons aucune idée de comment commencer cette chronique, nous allons nous contenter de la structurer via une liste de points... De facteurs.

✉ Facteur Titre

Ok, c’est anecdotique et peut-être un hasard. Mais notons l’ambivalence en français comme en anglais. Dans le titre original, le mot facteur veut évidemment dire l’élément, la caractéristique, tout en faisant clin d’œil aux enveloppes reçues par le protagoniste. Tandis que dans sa traduction littérale, factor peut jouer entre le même premier sens générique, et celui de dépositaire. Malin.

✉ Facteurs Techniques

C’est propre, mais bizarrement assez sage. L’ambiance sonore est par exemple très épurée, ne mettant pas réellement en avant de musique (inhabituel pour une comédie) outre celle jouée ou lancée par les personnages eux-mêmes.

Visuellement, idem. Des cadres classiques. Un étalo discret, avec une image globalement lumineuse et réaliste, à l’exception d’un Acte aux noirs particulièrement bouchés — changement pas gratuit car justifié par l’histoire.

Mini bémol pour certains moments de montage, avec çà et là des plans d’establishing qui ne semblent s’intégrer ni dans le récit ni à l’ambiance générale (le premier nous a limite fait tressauter d’incrédulité) — ainsi que quelques fondus au noir pas toujours heureux.

Un début de décalage plus positif (?) se fait ressentir dans les décors presque cliniques, à la fois impersonnels et déconcertants (appartements et couloirs qui ne font pas très « lieu d’habitation »).

En fait, la vraie dimension loufoque du film est réservée au...

✉ ...facteur Ecriture

L’histoire se laisse suivre avec un grand plaisir, autant pour l’énigme installée que pour les dynamiques émotionnelles parallèles. Quelques mises en situation un peu figées (personnage 1 qui attend immobile que personnage 2 soit allé au bout de sa réplique avant de réintervenir) nous ont d’abord créé une légère sensation d’inconfort, totalement oubliée dès le deuxième visionnage. La mise en scène se permet deux-trois autres excentricités, contenues en nombre et en intensité, mais qui font mouche. Le scénario en lui-même caractérise efficacement ses personnages, de façon aussi immédiate que précise. Les dialogues sont hilarants et très bien défendus par...

✉ Facteur Jeu

...le casting ! Si une certaine théâtralité s’invite, elle est dans ce contexte totalement adaptée, savoureuse, et n’empêche pas un paradoxal naturel à d’autres moments.

Hormis quelques personnages secondaires ne passant une tête que le temps d’une brève scène, le film repose sur trois acteurs. D’un côté Baptiste Belaïd et Steve Bedrossian (le duo de choc promis par le synopsis) adorables et à la fois un peu fous, autant séparément que de par leur synergie à l’écran. Et de l’autre Christian Cousseau dans un (ou peut-être plus ?) rôle surprenant, que nous ne dévoilerons évidemment pas. Bref, tout le monde est très cool ; que demander davantage ?

Conclusion

Drôle, mignon et frais : un de nos chouchous de cette année.

G.W.

« Facteur Humain » est en sélection officielle de la troisième édition du Little Croco Festival, nommé dans la catégorie Comédie.