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INTERVIEW - GARVIT SINGH

thelittlecrocofest

ZUAS a remporté le prix du Meilleur Long-Métrage à notre 2nde édition du LCF.

Interview avec le réalisateur Garvit Singh.

 



 

Nous avons compris qu’il s’agit de votre premier long-métrage : quelles étaient vos inquiétudes avant le tournage ?

C’est un film auto-financé sans boîte de prod ni personne pour assurer les arrières du projet. Honnêtement, j’étais trop excité à l’idée de me mettre à tourner. Ma seule préoccupation : que le film rende comme je voulais. Puis à mi-tournage, la peur m’a saisi. Serai-je capable d’achever le film ? J’ai été chanceux d’avoir une équipe et un casting qui m’ont beaucoup soutenu, et prêts à tout. Je dirais que j’étais plutôt confiant sur tout, avant le tournage.

 

Comment avez-vous monté votre équipe ?

Une fois le scénar bouclé, je savais exactement à quoi ressembleraient mes personnages. Donc nous avons engagé un directeur de casting et lui avons envoyé des notes. Bablu a été le premier personnage casté. Pour Sandeep, on a ouvert une audition libre et Pallav (Sandeep) a été le premier à passer. J’ai eu beaucoup de chance d’embarquer tous ces acteurs exactement tels que je les souhaitais.

Niraj est le chef-op du film et nous nous connaissions depuis 6 ans. Donc il faisait partie de l’aventure par défaut. Pas seulement en tant que chef-op : il a été activement impliqué de l’écriture du scénario jusqu’à la post-production.

 

Qu’est-ce qui vous avait amené à la réalisation ?

Fraîchement sorti d’école de médecine, je me préparais pour mon master. Lors d’un soir ordinaire j’ai fait une pause dans mes longues heures d’étude, pour regarder un film. Je me souviens avoir vu le « Shining » de Stanley Kubrick quand j’étais en première année de fac, et l’avoir détesté pour n’être pas le style d’horreur que j’attendais d’un film de genre. Cette nuit-là en le revoyant, quelque chose a bouillonné en moi. C’était si puissant qu’il n’y a eu aucun dilemme à abandonner ma carrière en médecine pour devenir cinéaste. Cette nuit est encore aujourd’hui une énigme pour moi.

 

Votre scénario mélange différentes temporalités, du mystère, des problématiques concrètes ou métaphoriques, un peu d’onirisme... bref, beaucoup à gérer ; dur d’imaginer la quantité de travail fourni, pour arriver à une histoire complète respectant l’équilibre que vous vouliez. Comment vos acteurs étaient-ils impliqués dans ce processus ? Tout était déjà clair pour vous, ou avaient-ils de l’espace pour expérimenter d’autres choses avec leurs personnages ? Avez-vous fait de l’exploration en amont avec des répétitions... ?

Ça m’a pris environ 3 ans et je ne sais combien de réécritures pour finir le script. J’avais tout décortiqué et fait un découpage détaillé, avec des notes pour chaque corps de métier.

Les acteurs m’encourageaient à fond, impliqués et curieux au point que j’ai dû parfois pendant le tournage me cacher quand je les voyais. Parce que quand on fait un projet, on ne veut pas que les autres le regardent d’un point de vue professionnel, mais plutôt qu’ils deviennent un rouage dans sa structure globale. C’est ce que j’ai obtenu de mes acteurs. Même quand c’était la merde sur le tournage et que j’étais au bord de la dépression, ils s’employaient à me soutenir.

Je garde toujours une place pour l’expérimentation, indépendamment de mon degré de préparation. Parfois je veux vraiment être surpris, alors je donne carte blanche à mes acteurs et les laisse me guider dans la scène. Je fais ça délibérément sur certaines scènes dont je pense avoir fait le tour.

Auparavant nous avions planifié des répétitions de 10 jours, qui ont été rallongées à 15.

 

Quand et où a été tourné ZUAS, et sur combien de temps en tout ?

Ç’a été majoritairement tourné en Madhya Pradesh, un Etat au centre de l’Inde ; la séquence urbaine était à Mumbai. En amont nous avions arrangé 28 jours de tournage, réduits finalement à 18 à cause du budget. J’étais fou parce que je ne pouvais ni dormir ni manger. Quand j’y repense, je ne referai jamais ça. 18 jours épuisants sans sommeil.

 

Quelles étaient vos attentes pour la photographie du film ?

En tant que film indé, nous n’avions pas le luxe d’esthétiser chaque plan ou de chorégraphier de grands mouvements de caméra. J’étais donc chevillé à la réalité et savais en gros ce qui devait être fait. Alors on a compartimenté le scénar en trois catégories— le road-trip, le village et le motel. Pour le road-trip on ne portait aucune lumière et tout a été fait sans autorisation. Tous nos projos étaient réservés au motel puisque je le voulais surréaliste, un lieu qui sort de nulle part durant un voyage. Nous n’avions pas d’assurance ; chaque plan était écrit et l’approche, minimale.

 

Au Little Croco Festival, on est friand d’anecdotes. Quelle était le moment le plus difficile sur le tournage ? Ou y a-t-il eu une scène ou un plan magique que tout le monde a adoré faire ?

Je dois vous préciser qu’avant le début du tournage, notre producteur exécutif, l’associé et même le costumier se sont tous désistés, et je me suis retrouvé en charge de tous les secteurs. Je portais de multiples casquettes en tournant. Ça vous donne une sorte de contrôle, mais dorénavant tout ce qui se passait sur place me retombait dessus. J’étais inquiet et ça s’est transformé bientôt en effroi. Je tournais la scène de nuit où Sandeep arrive au village. J’étais dans la cour et Pallav venait de donner une incroyable performance. Je me suis joyeusement tourné et ai vu ces gars qui me regardaient en tirant la tronche. J’ai cru qu’un désastre était survenu et que j’allais devoir annuler le tournage. Ils m’ont appelé au-dehors. Je les ai suivis : ils m’ont montré la voiture que j’avais louée, complètement détruite. Mais j’étais tellement heureux de pouvoir continuer à tourner que j’ai couru m’y remettre. Ce genre d’incident a continué à éclore mais ma santé mentale a tenu bon grâce au contenu et à la confiance que me procurait le tournage.

 

Parlez-nous de la postprod de ZUAS !

On a réécrit le scénario au montage. Changé la structure entière. Je pense qu’en dehors du tournage à proprement parler, le montage est le meilleur endroit pour tout apprendre de la fabrication d’un film. La première version durait 2h45 avec beaucoup de scènes d’exposition qui, quand j’y repense, n’étaient pas nécessaires à l’écriture. Donc la plupart des parallèles présent/passé visibles ont été faits au montage. Ç’a été long et mon monteur au bout d’un moment voulait juste se débarrasser du truc.

Le son a été le plus long, vu que ce ne sont que des prises directes, sans enregistrer de post-synchro. En tout ça m’a pris presque 2 ans pour boucler la post-prod.

 

Quand vous voyez le résultat final : de quoi êtes-vous particulièrement fier ?

Je suis très fier d’avoir géré le tournage et de ne m’être pas laissé déconcentrer malgré tous les problèmes rencontrés. Mes acteurs ont été brillants, et un moment en particulier dont je suis fier est la scène nocturne au village, quand Sandeep rentre chez lui.

 

Où voir ZUAS ? Et s’il n’est pas encore disponible : savez-vous comment il pourrait l’être un jour ?

Eh bien pour l’instant j’espère que le film fera des festivals pendant peut-être un an. Donc voyons où ça le mènera. Je vous tiendrai personnellement au courant de quand et où il sera diffusé.

 

Un autre projet que vous voudriez nous partager ?

Je travaille sur le genre horrifique. C’est quelque chose qui m’a toujours intrigué. Mon premier brouillon est fait. Ce sera un slasher sur « Survivre à la campagne électorale ».

 

(& Garvit a voulu ajouter cette conclusion pour le LCF)

Enfin, j’aimerais vraiment vous remercier d’avoir sélectionné et chroniqué mon film.

 

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