BIRD DRONE a gagné le prix de la Meilleure Romance à la 1ère Edition de notre LCF.
Interview avec le réalisateur Radheya Jegatheva.
Tout d’abord, qu’est-ce qui vous a amené à réaliser des films ?
J’ai toujours adoré en regarder, mais ma passion pour la réalisation a vraiment émergé aux alentours de 10-12 ans quand j’ai commencé à essayer de faire mes propres petits films. Souvent je n’avais aucun acteur donc j’installais ma caméra du moment (mon iPod touch ou le MacBook Air de papa) et me filmais moi-même dans les différents plans voulus, usais d’effets de fond vert pourris et assemblais le tout sur Windows Movie Maker et iMovie. Avant ça, mon frère et moi passions aussi des heures sur ce logiciel d’animation où on fait essentiellement bouger des bonhommes bâtons, et on créait ces scènes d’action élaborées où ils sautent partout et se battent (ce qu’on faisait avec mon frère dans la vraie vie, d’ailleurs). J’étais fasciné par les effets spéciaux et explorais aussi cet aspect-là, ce qui m’a mené à apprendre à utiliser les programmes d’animation, et mon amour de la narration m’a poussé à créer des courts-métrages avec.
Comment avez-vous obtenu ce scénario et en êtes-vous venu à réaliser BIRD DRONE ? Et quand était-ce ?
Notre scénariste Clare Toonen a trouvé ce concept de mouette amoureuse d’un drone il y a plusieurs années, alors qu’elle observait un drone volant sur une plage de l’ouest australien. Des années plus tard en fin 2019, notre productrice Hannah Ngo m’a parlé du film en tout début du processus. J’ai eu un coup de cœur et ai rejoint le navire pour réaliser, puis aussi animer et monter. J’avais déjà travaillé en animation mais seulement de façon très indépendante, donc c’était ma première expérience financée avec une équipe sur un film d’animation.
Que pouvez-vous nous dire sur les différentes étapes de la fabrication d’un court animé, et combien de temps cela a pris pour celui-ci ?
D’abord il y a eu le script de Clare, qui a subi une étape de développement jusqu’à ce qu’on soit satisfait pour passer à la suite. De là j’ai créé un storyboard, dont j’ai ensuite fait une animatique, c’est-à-dire un film du storyboard non colorisé avec musique et son temporaires. J’ai fait des allers-retours avec notre incroyable conceptrice des personnages Kate Moon et nos notes, et on est parvenu à notre design final pour la mouette et le drone. J’ai travaillé sur plusieurs traitements de l’animatique, en débat avec ma productrice Hannah sur tout le film. Normalement on termine l’animatique et on le valide avant de passer au vrai travail d’animation, mais ça nous a pris beaucoup de temps pour y arriver, alors j’ai commencé à animer en parallèle. On s’est décidé sur la bonne ‘version’ du film assez tard dans le processus. Plus proche de la fin, on a aussi glissé en post-production où notre ingé son et notre compositeur ont embarqué pour faire opérer leur magie. Concernant mon implication, ça m’a pris presque trois ans pour réaliser et animer ce film.
Dans un film en images réelles, on peut tourner des images qui ne seront finalement pas montées. Est-ce pareil en animation ? Y a-t-il des scènes de BIRD DRONE qui ont été supprimées ?
En animation c’est un peu différent que pour le montage classique, puisqu’on monte d’abord le film lors de l’animatique. J’ai fini par faire d’innombrables animatiques de différentes scènes et des fins variées au fil de la production, et plein de séquences ont été coupées ou changées tout du long. Heureusement c’était avant que j’anime à proprement parler, l’animatique ayant déterminé ce qui fonctionnait ou pas. En exemple de ce qui n’a pas été gardé : des scènes où, au départ, le jeu et les mouvements de notre mouette étaient trop anthropomorphiques en regard de la direction que je voulais prendre pour le film. Je crois que ma première animatique globale faisait 14 minutes, ce qui a bien sûr été coupé et réduit au fil des ans.
Comment avez-vous travaillé la bande-son, notamment avec le sound-designer et le compositeur ?
J’ai eu le privilège de bosser avec quelques personnes géniales pour ça – notre sound-designer Keith Thomas et notre compositeur Wil Hughes qui résident de l’autre côté de l’Australie, donc on a fait nos rendez-vous sur Zoom et nos échanges par email, plus une session live avec un de leurs studios. Ça a superbement marché et ils ont très bien compris le film, ce qui nous a vraiment aidé pour l’émotion et tout ce qu’il fallait apporter. Ils ont tout donné et je suis tellement chanceux de les avoir eus à bord ! L’ami de Wil, Evan McHugh, a aussi mixé la musique pour le film, ce qui était très généreux de sa part, j’en suis reconnaissant. L’expérience m’a réellement mis à l’aise sur la collaboration avec les gens du son, ce que je continue de faire sur mon projet en cours, c’est une super sensation. Un de mes moments préférés a été de découvrir qu’il existe une technique ‘mouette’ [Seagull Effect] sur les violoncelles, ce qu’on utilise dans le film lors d’une scène où on passe de vrais cris de goéland à juste des sons de violoncelle pour les mouettes !
Où peut-on voir BIRD DRONE ? Et s’il n’est pas encore dispo : comment pourrait-il l’être bientôt ?
BIRD DRONE est toujours dans le circuit festivals et donc ne sera peut-être pas visible pendant un moment – mais on finira sans doute par le sortir en ligne. En attendant, espérons qu’une salle près de chez vous le passe !
Un projet antérieur ou postérieur à celui-là, passé ou futur, que vous voudriez partager ?
Je travaille actuellement sur mon prochain film, intitulé TRADING CARDS : un court d’animation dark fantasy sur une sorcière qui vit dans une maison insolite et remonte le temps pour fuir ses angoisses d’adulte en se rencontrant elle-même plus jeune. Je le décrirais comme une exploration abstraite et poétique de la santé mentale, de la vie avec les troubles obsessionnels compulsifs, et de la recherche d’identité par le prisme de l’âge adulte et de l’enfance.
J’écris et réalise aussi un long-métrage animé avec ma même productrice que pour BIRD DRONE, pour l’instant intitulé ZOIC. Hannah et moi aimons vraiment travailler ensemble et je suis content qu’on arrive à un format long pour notre projet suivant.
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